L’Assemblée
Nationale publie une carte interactive afin de trouver l’ensemble des candidats
par circonscription.
Attention à ne pas être troublé par les étiquettes qui sont celles du
ministères de l’intérieur et qui ne font pas dans la nuance (l’étiquette
« Extrême Gauche » rassemble le NPA, LO, le POI… ;
« Ecologiste » rassemble souvent le Mouvement Ecologiste
Indépendant, les « Divers droite » et « divers
gauche » dissimule souvent des dissidences de candidats PS ou UMP qui
n’acceptent pas les accords nationaux).
*
On le sait, les résultats des élections législatives participent au financement
des partis politiques en France. La règle est simple : la loi du 11 mars
1988 indique que les partis politiques toucheront des subventions publiques si
au moins 50 de leurs candidats ont obtenus au moins 1% des voix. La subvention
est calculée à partir de 1,63 euros par voix obtenue.
Numérama a pris l’exemple du Parti Pirate pour montrer l’importance de la chose.
Présentant 102 candidats (essentiellement en Alsace, Aquitaine, Ile-de-France, Midi-Pyrénées, Rhône-Alpes), le parti espère obtenir un financement conséquent que Numérama estime à 74 000 euros par an soit 370 000 euros pour cinq ans sur la base de l’obtention de 45 000 voix et d’une moyenne de 1% des suffrages exprimés dans les 102 circonscriptions.
Pas mal pour un Parti des Pirates qui compte 550 adhérents et dont les mots d’ordres (Lutte contre le fichage abusif, indépendance de la justice, transparence de la vie politique, ouverture des données publiques, gros volet sur contre Hadopi et les libertés individuelles) ne rencontrent pas encore – malgré l’aide de certains médias tels Libération – d’écho en France contrairement en Allemagne.
Autre
exemple, la constitution de parti politique folklorique. Jean-Louis Soulié a
créé le Mouvement Anti-Radar (MAR) qui présente 80 candidats au slogan ravageur
« Mort au radar, vive la clope au bar ! »
Le
MAR espère bien obtenir les subventions publiques ce qui n’est pas impossible. Eternel
candidat soit-disant apolitique à Narbonne (il se définit comme un « anarchiste
de droite » mais seulement droite puisqu’il a fait alliance avec le RPR puis
l’UMP à des municipales), Souilié affirme son statut de « lobby » avec
ses propositions : suppression des radars, du permis à point, relèvement
des vitesse limite, essence à 1 euro le littre, levée de l’interdiction de
fumer dans les lieux publics !
Bref, cela explique pourquoi l’ensemble des partis tentent d’être présents
dans le maximum de circonscription d’où la pratique du parachutage (très
importante pour Lutte Ouvrière) où l’appel à des candidats locaux non membre du
parti et éloigné du militantisme (très important pour le Modem et son nouveau
sigle de campagne « Le Centre Pour la France »)
* Un rapide tour d’horizon permet de dégager le nombre de candidats par
partis :
- LO présente 544 candidats et 8 candidatures communes avec Combat Ouvrier
dans les Antilles (un secteur ou Nathalie Arthaud a obtenu ses meilleurs
résultats : 0,92% en Martinique et 0,99% en Guadeloupe).
Sur son site Internet, LO est le seul parti a indiquer le nom et laphotographie de son candidat par circonscription .
- Le NPA en pleine crise interne aligne tout de même 339 candidats (168
hommes, 171 femmes et 40 pour le courant minoritaire Gauche anticapitaliste) et
25 « unitaires » avec d’autres partis de gauche (Alternatifs,
Mouvement des objecteurs de croissance et même le Front de Gauche en Bretagne
et dans le Limousin)..
Hypocrite,
Christian Poupin porte-parole du parti indique qu’ « au NPA, on ne se
bouscule pas pour être candidat sur le devant de la scène » ce qui expliquerait
la non présence sur les 577 circonscriptions.
A noter que Philippe Poutou (1,15% des voix au premier tour des
présidentielles) est candidat dans la cinquième circonscription de Gironde.
- le Front De Gauche présentera des candidats dans la quasi-totalité descirconscriptions (excepté dans quelques COM-ROM). N’étant pas parvenu à
obtenir un accord avec les autres partis de gauche dans les circonscriptions où
la gauche peut être éliminée dès le premier tour, l’objectif du Front de Gauche
est double.
En premier lieu, parvenir à porter le programme l’Humain d’abord et exister
dans une campagne compliquée où les candidats de la majorité gouvernementale
(PS/EELV) risque de ramasser les fruits. Ainsi peut s’expliquer (au-delà d’une
stratégie d’une partie du PC dont Laurent et du PG de peser au sein du FDG pour
que ce dernier continue à être 100% indépendant du gouvernement contre la ligne
Le Hyaric et de quelques caciques du PCF) la candidature Mélenchon dans le faux
fief de Marine Le Pen afin d’exister médiatiquement et donc d’être audible en
axant son combat sur les mêmes thèmes que ceux de la présidentielles (smic à 1700 euros, VIe République, planification
écologique, pour l’emploi et contre la finance, défense des services publics, contre
l’Europe libérale, contre l’extrême droite)
En second lieu, sauver son groupe parlementaire (à l’heure actuelle 21
députés) voir même l’augmenter (certains table sur 30 députés).
Reste qu’un certain
nombre de députés sortants sont en difficulté comme Jean-Pierre Brard (qui
affronte Razzy Hammadi soutenu par le PS et EELV) ou François Asensi (qui
affronte l’ex PCF devenu Verts, Stéphane Gatignon soutenu par le PS et EELV) en
Seine-Saint-Denis ; Michèle Picard qui succède à André Guérin dans le Rhône (une
circonscription redécoupée et très favorable au PS) et Martine Billard dans la cinquième
circonscription de Paris également redécoupé et plutôt favorable au PS (qui
présente un symbole de la « diversité », Seybah Dagoma).
Reste donc
des espoirs placés sur la reconquête face aux sociaux-démocrates : Mélenchon
(Pas-de-Calais), Jean-Marc Coppola (Bouches-du-Rhône), Patrick Le Hyaric (Seine-Saint-enis),
deux-trois autres députés en Ile-de-France (gagner face au PS au premier tour,
battre le député UMP sortant au second) et quelques-uns dans le Limousin et
le Nord contre des députés PS sortant.
- EELV a investi 471 candidats (236 femmes, 235 hommes) et compte beaucoup
sur les 63 circonscriptions où le parti obtient le soutien du PS donc de
l’étiquette « majorité présidentielle » grâce à un accord électoral
pour constituer un groupe à l’Assemblée Nationale (minimum à atteindre :
15 députés ; ils n’y a que 4 députés sortants). Et ce malgré quelques dissidences
socialistes.
Autre curiosité de EELV qui a passé un accord avec le Mouvement Ecologiste
Indépendant (MEI) : EELV soutient 20 candidats MEI (dont Antoine Waechter
dans le Haut-Rhin) ; MEI soutient 200 candidats EELV ; un candidat
EELV et un candidat MEI s’affronte dans 15 circonscription.
Au total, MEI
présente 80 candidats.
Enfin, il est a noter qu’après la campagne Joly EELV tente de recentrer son
message sur les thèmes écologistes (Vers un futur soutenable : sortir du
nucléaire et des énergies fossiles ; Vers un futur soutenable : la
nature, l’eau et la forêt bau cœur de notre projet ; Vers une agriculture
paysanne, pour manger tous et manger mieux contre la faim et la
malbouffe ; Vivre tous en bonne santé)
Avec un slogan « Ensemble,
construisons une nouvelle majorité ».
- Le PS présente donc des candidats partout excepté dans les
circonscriptions réservées à ses alliées : EELV (63 circonscriptions), le
PRG et le MRC
Reste que c’est davantage le choix du PS et donc de Martine Aubry sur
l’investiture des candidats PS qui fait débat : proche de Hollande
écarté, le député sortant René Dosière, apparenté PS, non investit dans sa
circonscription de l’Aisne (député connu pour son excellent travail sur ses
enquêtes sur le train de vie de l’Etat) afin de respecter le vote des militants
locaux…
Rue89 propose la carte de France des socialistes dissidents qui touche une
quarantaine de circonscriptions (soit un PS contre le candidat EElV, soit un PS
contre le candidat investit par le PS). Instructif.
- Le MODEM qui se présente sous l’étiquette alambiquée de « Le Centre
pour la France » présente 400 candidats. Parmi eux, 25% ne sont pas
encartés au Mouvement Démocrate. Dans les 177 autres circonscriptions, le MODEM
local soutiendra soit le Nouveau Centre (Morin), l’Alliance centriste (Arthuis),
le Parti Radical (Borloo) ou le PRG (Baylet).
Le parti qui compte trois députés sortants est donc en mauvaise posture :
Jean Lassalle (Pyrénées-Atlantiques devrait être battu (même si l’UMP le
soutien), ce qui pourrait être le cas de François Bayrou donné battu dans sa
seconde circonscription des Pyrénées-Atlantiques un sondage (au premier tour,
le candidat NPA obtiendrait 1%, celui d’EELV 3%, celui du Front de Gauche 8%,
celle du FN 11%, l’UMP Saubatte 23%, Bayrou 24%, la candidate PS Chabanne 30% ;
au second tour : Bayrou 28%, Saubatte 29%, Chabanne 44% ou Bayrou 45% et
Chabanne 55%), Abdoulatifou Aly (Mayotte) est lui aussi dans une situation
compliquée (Bayrou n’a obtenu que 5,39% au premier tour des présidentielle et
Hollande près de 42%).
Le Modem fonde par contre des espoirs sur La Réunion où il incarne la
droite : Nassimah Dindar, vice-présidente du conseil général et Thierry
Robert pourrait s’imposer dans des triangulaires contre les sortants du Parti
Communiste réunionnais.
- l’UMP présente des candidats presque partout à quelques exceptions (soutien
de candidat Modem comme Jean Lassalle ou celui dans la circonscription où se
présente Mélenchon et Le Pen), et bien sûr dans les accords passés avec le
Nouveau Centre, le Parti Radical et l’Alliance Centriste.
- Debout La République de Nicolas Dupont-Aignan (1,79% au premier tour des
présidentielles) a lancé environ 300 candidats (161 femmes, 139 hommes) et
espère obtenir pour la première fois les subventions publiques.
Dupont-Aignan, député sortant dans la huitième circonscription de
l’Essonne, devra – pour la première fois - faire face à une candidature UMP, ce
qui n’est pas le cas de l’autre député sortant de DLR, Jean-François Vilain qui
est soutenu par l’UMP dans la dix-huitième circonscription du Nord.
- le FN invente l’étiquette inutile de « Rassemblement Bleu
Marine » sous laquelle partent au combat 571 candidats (dont 289 femmes).
On est très loin de l’objectif des 30% de candidats d’ouverture. Une
ouverture qui se limite essentiellement aux 34 candidats du SIEL (Souveraineté,
Indépendance, Libertés) de Paul-Marie Coûteaux, ancien proche de De Villiers et
candidats dans la seconde circonscription de la Haute-Marne (où le FN avait
obtenu 28,98% au premier tour des présidentielles). Outre la fausse ouverture
(l’avocat Gilbert Collard dans le Gard, l’ex-chevènementiste Bertrand Dutheil
dans l’Aisne, les ex-RPR passé à l’extrême droite depuis belles lurettes comme
Valéry Le Douguet dans la Somme ou Jacques Peyrat dans les Alpes-Maritimes), la
seule prise est Olivier Eyraud, exclu de l’UMP qui représente le FN dans l’Ain.
Le FN avance le chiffre de 150 à 200 triangulaires (fortement hypothétiques :
les experts en envisage 80 à 120) et espère obtenir de 5 à 8 députés dont
Gilbert Collard (dans le Gard), Marine Le Pen (dans le Pas-de-Calais), Florian
Philippot (dans la Moselle), Marion Maréchal-Le Pen (dans le Vaucluse). Une
hypothèse fortement improbable.
* On le sait, la loi de 2000 impose la parité aux élections législatives à plus ou moins quelques %. Si le parti ne s’y plie pas, une amende est allouée en fonction de l’écart.
Si de nombreux partis s’y plient, c’est
parfois à contrecœur. Jean-Marie Le Pen y va franco et déclare à l’AFP : « Nous
sommes empoisonnés par cette législation stupide de la parité. Bien souvent,
nous sommes obligé de remplacer un bon candidat par une dame qui n’est pas d’excellente
qualité ».
Pas de risque de se retrouver dans ce
cas de figure chez l’UMP, seul parti a s’essuyer les pieds sur la loi : le
parti ne présente que 30% de femmes… Copé fait semblant de pleurer face aux
réalités locales de son parti !
Remarquez, l’UMP fait mieux qu’en 2007 où il ne présentait que 26% de
femmes ce qui lui a valu 4 millions d’euros d’amende par an.
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